• Etat d’urgence : la peur domine la France

     

    L’état d’urgence constitutionnalisé ou non est-il la meilleur façon de combattre le terrorisme ? De nombreux articles ont mis en évidence la mauvaise organisation de nos services de renseignement, pourtant le gouvernement ne les réforme pas et préfère intimider les citoyens.

    Dans une tribune contre la constitutionnalisation de l’état d’urgence, Paul Cassia écrit : "Au mieux, la constitutionnalisation de l’état d’urgence n’améliorera ni ne dégradera d’un iota la nécessaire lutte contre le terrorisme et donc la « protection de la nation ». Même limité à l’insertion de la mention de l’état d’urgence dans la Constitution, le projet de révision constitutionnelle est absolument inutile aux fins qu’il prétend poursuivre. "
    Il en va sans doute largement de même pour les autres mesures et lois qui pleuvent sur nous dans un matraquage informationnel abrutissant, parmi lesquelles la loi renseignement que nous avons combattue en vain jouait un rôle précurseur.
    Différents articles ont pourtant pointé les difficultés d’organisation de nos services de renseignement mais nulle réforme n’est annoncée.
    L’ambiance de guerre créée par le gouvernement a pour effet de nous anesthésier et de nous intimider.
    La peur serait-elle au service d’une stratégie du choc comme le décrit Naomi Klein ? Ou plus simplement est-elle un outil commode au service d’un pouvoir usant et abusant de tous les leviers ? Pierre Rosanvallon, une autorité morale et scientique dit sa consternation et son inquiétude.
    Quoiqu’il en soit, il faut résister à l’intimidation et continuer à dénoncer les excès de l’état d’urgence, sur le site de la Quadrature du Net et ailleurs.

     

     

    PS: Avec la déchéance de nationalité pour les binationaux nés en France, on atteint l'infamie selon Piketty, la forfaiture selon Eva Joly. Je ne sais pas s'il est encore possible de tomber plus bas. Il paraît que c'est populaire et que cela rassure la majorité des Français. Cela dépend desquels évidemment. Ceux qui approuvent ont peur, ils croient curieusement que cela les protégera.

     

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  • ma famille

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  • C'est sans doute la particularité de ma famille jointe à la particularité de ma génération qui font que j'ai été très sensible à certains passages du discours d'hier de Patrick Modiano sur la sensibilité à la mémoire et à l'oubli.

    Des quartiers disparus, des êtres disparus, un univers sensoriel disparu surgissent des photos parvenues par héritages successifs, fragments à partir desquels je reconstitue une mémoire incomplète. Sans en être consciente, j'ai vécu au sein des énigmes de mon enfance dont le récit dramatique parental occultait les apories, et le sentiment du drame de ces gens de ma famille  voués à l'oubli m'envahit. J'ai depuis longtemps procédé à des vérifications, et souvent elles m'ont prouvé que le récit n'était pas mensonger mais romancé et qu'il comportait des trous et des inexactitudes. Qui s'en soucie à présent?

    Les photos établissent un contact imparfait avec ce passé évanoui, des gens, des lieux inaccessibles, des souvenirs impossibles à situer. Ce qui était naturel dans mon enfance m'est resté familier, m'est devenu étranger en même temps et je suis troublée.

    Extraits du discours de réception du prix Nobel de Patrick Modiano:

    "Pour ceux qui y sont nés et y ont vécu, à mesure que les années passent, chaque quartier, chaque rue d’une ville, évoque un souvenir, une rencontre, un chagrin, un moment de bonheur. Et souvent la même rue est liée pour vous à des souvenirs successifs, si bien que grâce à la topographie d’une ville, c’est toute votre vie qui vous revient à la mémoire par couches successives, comme si vous pouviez déchiffrer les écritures superposées d’un palimpseste. Et aussi la vie des autres, de ces milliers et milliers d’inconnus, croisés dans les rues ou dans les couloirs du métro aux heures de pointe."

    Vous avez eu l’indulgence de faire allusion concernant mes livres à « l’art de la mémoire avec lequel sont évoquées les destinées humaines les plus insaisissables ». Mais ce compliment dépasse ma personne. Cette mémoire particulière qui tente de recueillir quelques bribes du passé et le peu de traces qu’ont laissé sur terre des anonymes et des inconnus est elle aussi liée à ma date de naissance : 1945. D’être né en 1945, après que des villes furent détruites et que des populations entières eurent disparu, m’a sans doute, comme ceux de mon âge, rendu plus sensible aux thèmes de la mémoire et de l’oubli.

    Il me semble, malheureusement, que la recherche du temps perdu ne peut plus se faire avec la force et la franchise de Marcel Proust. La société qu’il décrivait était encore stable, une société du XIXe siècle. La mémoire de Proust fait ressurgir le passé dans ses moindres détails, comme un tableau vivant. J’ai l’impression qu’aujourd’hui la mémoire est beaucoup moins sûre d’elle-même et qu’elle doit lutter sans cesse contre l’amnésie et contre l’oubli. À cause de cette couche, de cette masse d’oubli qui recouvre tout, on ne parvient à capter que des fragments du passé, des traces interrompues, des destinées humaines fuyantes et presque insaisissables."

     



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  • Un sentiment de fin imminente en écho à une ancienne tristesse alors apaisée par les notes cristallines de la harpe de verre. Maintenant, ces notes appellent la tristesse qu'elles endormaient autrefois.

    La harpe de verre joue lors de moments charnière depuis 1989, date de parution du CD retrouvée sur internet. Ouverture du rideau de fer, nos hypermarchés soudain inondés par des CD bon marché venus de l'est.

    Isolement dans une ancienne maison, un village obtus, vie de couple mortifiante. La harpe de verre caresse maternellement l'esprit. Elle délivre les sentiments, ouvre l'armure psychique dont je me sers pour résister. Amollissement, inquiétude, larmes qui montent aux yeux.

    Elle plaît aussi aux enfants qui en aiment la joliesse et la douceur. Elle leur convient comme à moi.

    Précieuse harpe de verre.

    J'apprends sur Wikipedia que l'interprète, Bruno Hoffmann, s'est consacré à faire revivre la harpe de verre et qu'il est mort en 1991. Triste.

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  • “Point n’est besoin d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer”

    (Guillaume d'Orange qui l'aurait repris de Charles Le Téméraire, peut-être apocryphe).  

     

    Aprcryphe ou non, la célébrité de la maxime en montre l'intérêt. Il est de fait impossible d'entreprendre à coup sûr, et parfois la seule volonté d'entreprendre donne du sens à notre vie.

    Mais pour moi, c'est l'image de la chèvre de Monsieur Seguin qui prévaut. Elle m'émeut toujours aux larmes, je la prends comme une allégorie de ma destinée. Eh oui, même les Minis ont leur destin!

    J'en ai un peu détourné la morale pour mon usage car je n'ai pas choisi une liberté héroïque comme la chèvre qui paie la liberté de sa vie.  Je n'ai pas recherché la sécurité du couple mais je me suis assurée une retraite de fonctionnaire.

    Pour moi, la lutte contre la déchéance et la mort, la lutte sans résignation pour la vie dans sa plénitude, voilà le combat modeste que je suis loin d'être seule à mener. Comme pour la chèvre, la fin en est écrite.

     

    Lutte

     Photo de Louis Taillade - Flickr -  cc 2.0  

    "L'histoire que tu as entendue n'est pas un conte de mon invention. Si jamais tu viens en Provence, nos ménagers te parleront souvent de la cabro de moussu Séguin, que se battégue tonto la neui erré lou loup, e piei lou matin lou loup la mangé ." (Alphonse Daudet - Les lettres de mon moulin, la chèvre de Monsieur Seguin)

    Foin d'héroisme, et passons au foin justement, je veux dire à l'herbe, à tout ce qui vit et s'obstine à exister dans les insterstices du macadam de nos rues. Cette obstination à exister en toutes circonstances est émouvante. Au fond, nous sommes de même nature l'herbe, le chiendent, et nous. Tant qu'il y a une terre...

     La lutter mais lutter.

    Du chiendent. - C. Meyer

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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